La sécurité et le contrôle - ce que cela coûte socialement

Le risque sanitaire élevé, du fait de la capacité de prise en charge du système hospitalier (en 2017,  6 lits pour 1000 en France, 3,2 en Italie, 8 en Allemagne et 12,3 pour la Corée d'après l'OCDE) oblige la population civile et les différentes autorités à une grande précaution dans la gestion hebdomadaire du confinement.

La stratégie mise en place d'étaler dans le temps la propagation pour optimiser le nombre de vies sauvées repose également sur l'endurance des uns et des autres à faire avec les contraintes du confinement. Or, celles-ci remettent en question à la fois la convivialité et l'esprit de jouissance chers aux Français mais également les modèles économiques habituels.

Pour obliger les récalcitrants à suivre le confinement, le gouvernement a crée l'attestation explicitant le motif de sortie (en instituant comme motifs valides l'assistance aux personnes vulnérables, la garde d'enfants, les courses de première nécessité, le travail, des motifs de santé et un exercice physique minimal).

L'injonction faite aux personnes présentant les symptômes (toux, mal de gorge, fièvre et fatigue) de se tenir plus strictement confiné encore chez eux est l'axe central de la politique sanitaire. Les personnes ayant des difficultés prononcées à respirer sont, elles, dirigées vers l'hôpital.

Par ailleurs, devant le phénomène de contagion et les risques que cela fait courir, l'état envisage le recours a des systèmes de géolocalisation pour tracer les personnes atteintes du COVID19 et limiter la propagation.   

Plusieurs experts et scientifiques alertent sur l'invasif d'une telle volonté politique sur le plan des libertés individuelles. Toutefois, les pistes dégagées, d'après plusieurs articles, dont celui d'Aujourd'hui en France, paru le 2 avril (référence en bas de page) et celui du Monde le 7 avril utiliseraient les technologies sur la base uniquement de personnes volontaires, acceptant de transmettre leurs données anonymisées dans le but d'avertir des cas de contamination. En enregistrant les parcours des individus et en actualisant la déclaration de cas avérés de COVID 19, il serait possible de prévenir les usagers volontaires d'une possible contagion. Cette alerte permettrait d'avertir les volontaires sur un risque potentiel et les amèneraient à se faire tester, et à suivre selon les résultats et "les règles en vigueur", la mise en quarantaine ou le confinement. Les caractéristiques encore mal détourées du COVID 19 (le temps de la maladie, ses conséquences sur les différents organismes) comme l'enregistrement systématique des personnes croisées dans un certain périmètre font courir le risque d'encourager un afflux vers les centre de tests, où les tests manquent pour l'instant à l'appel.    

Les applications agrègeront des données - leur interprétabilité, le fait qu'elles puissent produire un résultat fiable dépend beaucoup de la sensibilité de la technologie Bluetooth et du nombre de volontaires. La mise à contribution des téléphones portables se fait toutefois avec des enjeux de marché et une imposition normative plus ou moins formulée quant à ces instruments. L'intérêt de ces derniers, les possibilités qu'ils ouvrent sont flagrants pour beaucoup. Doit rester toutefois à l'esprit que cette traçabilité est un moyen, une façon de recueillir des informations utiles aux pouvoirs publics et non de transformer en cobaye et pourvoyeurs de données inexploitables (en tout cas en ce qui concerne l'épidémie) la population civile.  

Les gestes, comportements civiques et tests semblent de fait des leviers également efficaces et réalistes, compte tenu des usages et moyens disponibles à ce jour. 

Le petit nombre de personne croisé au supermarché fait en effet plutôt croire que chacun prend bien au sérieux les distances de sécurité et les gestes barrières. Les échanges professionnels et amicaux font jour quant à eux sur la pression accrue du fait du télétravail pour certains et de la réorganisation pénible du quotidien. Enfin, en toile de fond, il est dit qu'il faudra, d'une façon ou d'une autre qu'une grande part de la population ait été infectée pour que le risque général soit passé.


  


   

Sources :

https://data.oecd.org/fr/healtheqt/lits-d-hopitaux.htm
"Confinement : cinq questions sur le "tracking" des téléphones envisagé par le gouvernement" de Damien Licata Caruso dans Aujourd'hui en France, 2 avril 2020
"Applis, smartphones, les défis du dépistage massif" de David Larousserie et Martin Untersinger, dans Le Monde, 7 avril 2020 

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